L’affaire Weinstein met en lumière l’hypocrisie sans fin des médias. Aujourd’hui célébrés pour faire tomber les puissants, ils devraient pourtant justifier leur silence coupable durant des années.
En 2004, le New York Times a délibérement choisi de ne pas publier un article sur les frasques sexuelles de Weinstein. Rappelons-nous de l’enterrement de Mitterrand, lorsque le peuple a pris connaissance, stupéfait, de sa double vie, sous les ricanements des journalistes qui connaissaient tous ce secret de Polichinelle, y compris l’entretien de la famille illégitime de Mitterrand aux frais du contribuable.
Plus récemment encore, l’affaire Fillon où le même mécanisme est à l’oeuvre :
- On feint de découvrir quelque chose de répréhensible.
- On désigne un coupable sans procès et sans droit à la défense.
- On mène une enquête à charge alors même que le coupable est déjà jeté en pâture aux médias sociaux.
- On lynche avec de nouvelles révélations, chaque jour inlassablement, avec un sadisme gourmand.
- Les médias sociaux et sa kyrielle de petits justiciers planqués derrière leur écran continuent cette démolition à grands renforts de hashtags.
- Les proches du coupables se désolidarisent et expriment leur dégoût.
- Les hommes politiques y vont de leur petit couplet car accuser l’autre c’est s’innocenter.
- Répétition des points 4 à 8 jusqu’à achèvement du coupable.
Alors qu’on semble mettre fin à des agissements manifestement condamnables, les français ont le sentiment que justice a été rendue. Or ces éructations médiatiques sont précisément le contraire de la justice.
L’histoire suit un narratif : le coupable est désigné par avance la présomption d’innocence est piétinée et l’enquête médiatique a pour seul objectif de renforcer la culpabilité.
Il n’y a aucune équité de traitement. Toute information contradictoire est passé sous silence. Quand cette position n’est plus tenable, l’information est diffusée avec mépris ou ricanements car provenant de la « fachosphère ».
Malgré les apparences, les médias ne se référent pas aux lois mais à la morale, ou plutôt à une morale de circonstance définie par les moralisateurs. On peut ainsi attaquer n’importe qui sans base légale ou transformer en prédateur sexuel une personne contre laquelle aucune plainte n’a jamais été déposée.
La morale, comme la justice, évolue. Mais la morale n’est pas justice car elle est rétroactive. Elle se permet de juger des faits commis il y a plusieurs décennies, voire plusieurs siècles, avec la morale du jour, hors de tout contexte, hors de toute mise en perspective. Elle crée des victimes sans coupables, auxquelles il ne reste plus que la haine de ceux qui ne leurs ressemblent pas.
La séparation de l’Eglise et de l’Etat a permis d’instaurer une justice pour tous. Une justice du peuple pour le peuple qui s’applique avec équité, mesure et contrôle.
Derrière une apparente et bruyante justice, c’est un retour à l’ordre moral que les médias cherchent à imposer. Un retour de l’Inquisition qui n’apporte que ressentiments et divisions.
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