L’antisémitisme fait partie du top 3 des prises de position courageuses, avec le combat contre les maladies graves et la faim dans le monde. Il figure au Panthéon des « ismes »  avec le sexisme, le racisme et bien d’autres encore.

Les pourfendeurs de l’antisémitisme ne pouvant évidemment pas être eux-mêmes taxés d’antisémitisme, on voit de féroces critiques d’Israël, non pas de sa politique mais de son existence même, s’indigner avec de grands airs contre de prétendus complots antisémites.

Cette fonction de bouclier a permis d’étendre la définition de l’antisémitisme pour dépasser le cadre étriqué des 500,000 Juifs de France.

On peut donc aujourd’hui être accusé d’antisémitisme sans même viser les juifs. La dernière polémique en date ? Une caricature dans une manifestation contre la Loi Travail et voici la France Insoumise antisémite.

La pieuvre, symbolisant ici les réseaux tentaculaires de Macron et sa position centrale, était fréquemment utilisée dans des caricatures antisémites des années 30. N’en jetez plus, il n’y a aucun rapport avec les Juifs dans cette caricature, Macron n’est pas juif, mais il s’agit bien d’antisémitisme.

Les Juifs apprécieront au passage d’être instrumentalisés pour diaboliser des adversaires politiques.

Et c’est précisément la diabolisation que recherchent également ces Wiesenthals aux petits pieds. L’accusation d’antisémitisme est devenu une forme de point Godwin. Fin de la récré. Point final. Carton rouge : tu es antisémite. Voila comment mettre fin à une discussion de manière paresseuse.

Pendant ce temps, l’antisémitisme, le vrai, se développe sous la forme d’un antisionisme de bon ton. Le narratif du conflit israélo-arabe prête aux israéliens les traits que les nazis prêtaient aux Juifs. Son hyper-médiatisation lui confère une importance considérable alors qu’il s’agit d’un conflit objectivement mineur. Des personnes publiques (Fabius, Dray, BHL, Haziza…) sont vouées aux gémonies car « sionistes » alors qu’on ne connait pas leur position personnelle sur le sujet. Etre marié à une juive conduit forcément à des soupçons « d’influence« …

Le combat contre l’antisémitisme doit exclure les islamo-gauchistes qui défendent les islamistes tout en attaquant ceux qui dénoncent les dérives d’une laïcité instrumentalisée.

L’antisémitisme doit conserver sa gravité. Dénoncer un antisémitisme imaginaire, c’est affaiblir le vrai combat contre les nouveaux antisémites, ceux qui agressent ou tuent des Juifs parce que riches ou tout simplement parce juifs. Dans l’affaire Sarah Halimi, il aura fallu plusieurs mois à la justice pour retenir l’accusation d’antisémitisme, sans pouvoir compter sur ceux qui sont d’habitude si prompts à dénoncer l’antisémitisme de leurs adversaires.